Mardi 26 août 2025 - La houle qui se lève dans la nuit fait chasser l'ancre d'un voilier. Il s'échoue à Port Andro, mais ce n'est pas tout…
Par cette belle soirée de fin août – peu de vent et mer calme – cinq personnes dont deux enfants à bord d'un voilier de 12 m décident de mouiller devant la plage de Port Andro, au sud-est de Belle-Île, mais sans peut-être avoir pris connaissance de l'arrivée dans la nuit d'une houle « cyclonique », générée par l'ouragan Erin dans les caraïbes, bien loin de chez nous.
Presque imperceptible au large, cette houle très longue s'amplifie avec la remontée du fond et crée des déferlantes meutrières sur la côte.
Bien abrités du petit vent d'ouest, nos plaisanciers pourtant aguerris, ne voient rien venir : soulagée par les mouvements discrets de la houle, leur ancre chasse et le voilier se rapproche dangeureusement de la plage. Le moteur est mis en route, mais dans la précipitation, un bout normalement bien lové sur le pont passe à l'eau et se prend dans l'hélice. Plus de propulsion ! Rapidement le bateau talonne et finit pas s'échouer, malmené par les déferlantes qui ne cessent de grossir. Il est temps d'appeler le CROSS.
2h03, l'alerte est lancée. 22 minutes plus tard, le canot de sauvetage Belle Isle passe les phares du port de Palais, direction Port Andro.
Juste après notre appareillage, le CROSS Étel nous signale un deuxième voilier, avec 3 personnes à bord, également échoué à Port Andro. Ça va être chaud !
2h46 : alors que le canot arrive en vue des voiliers échoués, une alarme se déclenche à bord : problème sur le moteur bâbord qui devient inopérant !
Il n'est pas raisonnable d'assurer ces sauvetages parmi les voiliers au mouillage avec un seul moteur. Nous demandons au CROSS de déclencher nos collègues de Quiberon, la vedette SNS 142 La Teignouse.
3h01 : en attendant leur arrivée, l'annexe est mise à l'eau et deux équipiers vont au contact des deux naufragés, mais il est impossible d'approcher à plus d'une cinquantaine de mètres des voiliers au risque d'être retourné par une déferlante.
Vu la situation des bateaux, les pompiers sont également engagés pour évacuer les trois occupants du voilier échoué sur la plage.
3h51, la vedette SNS 142 arrive. Avec l'aide de l'annexe, un nageur de bord arrive à aborder un des voiliers avec la remorque dans des conditions très difficiles, aidé par deux nageurs des pompiers. La remorque est passée et à 4h15, le voilier est déséchoué et mis à couple du canot de sauvetage au large de Port Andro.
Pendant ce temps, les rouleaux qui continuent à grossir plaquent le deuxième voilier contre les rochers. Impossible de le tirer de là dans ces conditions, mais heureusement ses trois occupants ont pu être évacués par les pompiers.
4h55, après avoir récupéré notre annexe, nos deux équipiers et les deux nageurs des pompiers, le remorquage de notre voilier déséchoué peut commencer. Pas de voie d'eau, mais plus de gouvernail. L'annexe est mise en remorque du voilier pour lui servir d'ancre flottante et lui permettre de rester en ligne.
5h16 : les occupants du voilier souhaitant regagner le Crouesty, leur port d'attache, la vedette de Quiberon prend le relais pour les y remorquer.
Le canot de Belle-Île peut regagner le Palais. Il est 6h10 quand il est amarré à son poste. Une bonne odeur de pain frais flotte sur le port…
Bilan : un voilier et ses cinq occupants secourus. Un deuxième voilier n'a pas pu l'être, mais ses 3 passagers sont saufs.
Équipage : Frédéric Le Doux, Yves Bertho, Pierre-Yves Brière, Christophe Colombel, Pierre Mouty, Éric Poivet, Antoine Samzun.
Un grand merci à la SNS 142 et son équipage sans qui ça n'aurait pas été possible, et aux pompiers de Belle-Île pour leur efficacité et leur bonne humeur.