L'avion en remorque derrière le canot

Jeudi 7 septembre 2023 - Un petit avion qui se dirigeait vers Belle-Île s'abîme en mer au large des Poulains…

Par ce bel après-midi de septembre, grand soleil et vent presque nul, un homme de 58 ans, pilote expérimenté, ralie Ouessant à Belle-Île à bord de son petit avion.
Le vol est bien agréable, Belle-Île est en vue, mais à environ 5 miles (9 km) de la pointe des Poulains, le moteur s'arrête d'un coup, forçant le pilote à amerrir.
La manœuvre est exécutée parfaitement et l'avion finit sa course sur une mer d'huile où il flotte comme un bateau étrange.

Le CROSS Étel ayant reçu le mayday déclenche les secours à 16h30. Le canot de Belle-Île appareille 20 minutes plus tard et fait route vers les dernières coordonnées de l'avion, où il arrive presque en même temps qu'un hélicoptère de la gendarmerie qui dépose un plongeur près de l'avion, et un semi-rigide avec 4 pompiers de Lorient, dont 2 plongeurs.

Le pilote, indemne, est transféré à bord du semi-rigide, puis amené à bord du canot où un premier bilan est affectué et transmis au CROSS.

Pendant ce temps, l'hélicoptère récupère son plongeur et retourne à terre, tandis que notre nageur de bord profite du semi-rigide et de l'aide des pompiers pour aller passer la remorque sur l'avion. Mais il n'y a aucun point d'amarrage. Seule possibilité : l'hélice.
La remorque est capelée dessus et nous testons les réactions de cet attelage singulier à très petite vitesse, Pierre-Yves, notre nageur de bord, debout sur l'aile. La réaction ne se fait pas attendre : dès le début du déplacement, l'avion enfourne, entraîné par le poids de son moteur.
On arrête tout ; Pierre-Yves vient se positionner sur la queue de l'appareil pour faire contre-poids, et on re-teste. Stop ! Ça ne marche pas, l'avion pique du nez et nous craignons un instant qu'il coule… mais non. Ouf !

Après concertation avec le pilote, nous décidons d'abaisser le train d'aterrissage qui nous fera un point d'ancrage solide, sous la flotaison, permettant de soulager un peu le nez (l'étrave !) de l'avion.
Les 2 plongeurs des pompiers passent sous l'avion et réussissent, avec les conseils du pilote, à débloquer le train, l'abaisser et y capeler notre remorque. Tant que nous y sommes et pour plus de sécurité, 4 ballons – les défenses du canot – sont également amarrées au train d'aterrissage pour assurer la flotabilité de l'avant de l'avion.
Nouveau test. Pierre-Yves prend place à nouveau sur l'empennage horizontal, à la queue de l'appareil, et le canot embraye. Au ralenti sur un seul moteur, ça marche ! l'avion nous suit, en surface.

À 18h30, notre installation validée, nous confions le pilote de l'avion aux pompiers, qui vont l'évacuer à Quiberon où il sera pris en charge par une ambulance, qui l'emmènera à l'hôpital pour lui faire passer quelques contrôles permettant d'écarter tout risque de lésion interne qui n'aurait pas été détectée.

Nous sommes partis pour 3 heures de remorquage à 3,5 nœuds.
L'avion enfourne toujours un peu, malgré notre nageur, toujours posté à l'arrière. Du coup, nous raccourcissons la remorque à 3 reprises pour finir avec l'avion juste derrière le canot où il est tiré vers le haut et ne peux plus plonger.

21h45 : nous passons les phares de l'entrée du port.
Notre avion est largué et pris en charge par 2 Zodiacs de la Capitainerie. Ne pouvant le hisser sur le brise-lames – une des roues du train d'aterrissage se dérobe –, il est amarré au ponton un peu après 22 heures. Demain il fera jour…

L'hélicoptère au-dessus de l'avion, à l'arrivée du canot.Le pilote est transféré à bord du semi-rigide des pompiers.Premier essai de remorquage : notre nageur n'est pas sur la queue d'une baleine, mais bien sur celle de l'avion qui enfourne.Le train d'aterrissage est déployé sous l'eau pour permettre d'amarrer la remorque.Deuxième essai de remorquage : ça flotte !Ravitaillement en vol…La remorque raccourcie au maximum, l'avion nous suit gentiment.Arrivée du canot dans le port de Palais.

Bilan : un homme secouru, et son avion ramené à terre.

Équipage : Jean-Lou Guillaume, Yves Bertho, Pierre-Yves Brière, Philippe Enhart, Pierre Mouty, Cyril Nesle.

 

 

Retour à la terre ferme.L'avion, amarré dans le port de palais.

 

Vendredi 8 septembre.

Au matin, l'avion est toujours à sa place dans le port.
Il faudra attendre la fin d'après-midi, et l'arrivée de son propriétaire sorti de l'hôpital, pour le hisser au sec sur le brise-lames.